9 oct. 2010

Week-end à Pfedhradi

Ne cherchez pas sur une carte le nom de Pfedhradi, vous ne le trouverez pas. C’est un tout petit village. 200 habitants tout au plus. Pourquoi aller là-bas ? Parce qu’il y a une paroisse de l’église évangélique des Frères tchèques et son pasteur Héléna Junova. Elle connaît bien la France. Elle était venue à Auteuil l’année dernière et elle tenait à nous recevoir Matthieu et moi. Ce fut chose faîte. Sur le quai de la gare de Kolin, elle nous attendait et ce furent de grandes embrassades comme si on se connaissait depuis toujours.
Nous prenons la voiture et en route pour… Pfedhradi. Le presbytère où nous logeons se situe à côté du temple, un édifice modeste qui a plutôt l’allure d’une école. C’était d’ailleurs autrefois l’école protestante apprendrons-nous plus tard…Au fronton, pas de croix mais le fameux « calice », signe de reconnaissance des protestants qui rappelle que Jean Huss avait obtenu du pape pour ses fidèles la communion sous les deux espèces (pain et vin).
A l’intérieur quelques paroissiens nous attendent pour une présentation de l’Eglise réformée de France. Après mon exposé, beaucoup de questions et ce constat : « mais vous parlez de nous ! ».  Entre les réformés de France et de République Tchèque, c’est la même histoire (souvent douloureuse), une minorité (1 à 2 % de la population), une Eglise face aux mêmes défis (sécularisation, athéisme, etc).
Le lendemain, pas le temps de faire la grasse matinée (on se lève tôt là-bas), départ pour la petite ville voisine de Nymburk. Une brume legère filtre le jour du petit matin. Un ensoleillement franc viendra dans l’après-midi. Au temple de Nymburk se tient une réunion des Présidents de Conseils des paroisses de la région. Nous sommes accueillis avec les traditionnelles « tartines » et gâteaux. On boit le thé. L’atmosphère est chaleureuse. Discussion avec les jeunes réunis dans la salle voisine pour préparer le camp d’été. « Pourquoi ne pas faire un camp en France ? » Des contacts sont échangés, des lieux envisagés dans le Sud et peut-être une étape à Paris. Il y a ici une jeunesse très désireuse de rencontrer d’autres jeunes des Eglises d’Europe. Nous nous quittons avec la ferme intention de se revoir cet été. Mais notre voiture peine à redémarrer. C’est la panne. Plus de batterie. Il faudra une bonne heure d’attente avant de pouvoir enfin repartir.

Déjeuner dans un restaurant. Nous voulons manger la spécialité du chef. Héléna s’assure en cuisine qu’il en reste encore pour les parisiens. On la prépare, déclare t-elle avec un grand sourire. L’après-midi, visite de la ville de Kutna Hora. On l’appelle la petite Prague, riche et pauvre à la fois dont l’heure de gloire remonte à quelques siècles en arrière et, qui sait, pourrait peut être bien revenir, grâce ou à cause des touristes.  Mais pour le moment la ville sommeille. Quel péché provoqua sa ruine au profit de Prague ? L’histoire est passée par là. Une basilique domine majestueusement les maisons du centre. Il fait bon marcher dans ces rues médiévales. Le temps semble s’écouler lentement. Mais il faut partir. Un concert nous attend à Kolin. Le temple est plein pour entendre une chorale paroissiale venue de Pragu. Elle interprète du Palestrina et Allegri mais aussi des Psaumes de Goudimel et des cantiques. Tiens, ils chantent les mêmes cantiques que nous !
Nous quittons Kolin avec cette musique en tête. Héléna nous fait visiter son territoire paroissial : une belle campagne. Les champs descendent en pentes douces. La route sinue avec lenteur entre des haies. Quelques maisons ici et là. La nuit tombe. Retour au presbytère. la soirée s’annonce joyeuse avec toute la famille Junova. On chante un cantique avant de se mettre à table. On prie après. On boit aussi du vin tchèque et de l’eau de vie. Pour digérer, petite promenade. Matthieu m’accompagne au bord du lac. La marche à l’air libre prédispose à la pensée et ouvre les cœurs aux confessions. Il soude  l’amitié que porte le pasteur à son paroissien. Un petit cigare,  et puis nous partons au lit.
Dimanche matin au temple, la petite assemblée dominicale des protestants se réunit à l’heure canonique de 9 h. Le pasteur a bien essayé de repousser le culte à 10 h mais le Conseil n’a pas été d’accord. On ne sait jamais, plus tard, le dieu pourrait s’absenter, ne plus entendre les prières… Côté chœur : une simplicité toute protestante dans l’ornementation : une Bible, quelques fleurs, une nappe sur la table de communion, un pasteur en robe. Côté nef : des visages attachants, bienveillants. Le mari du pasteur tient l’harmonium. On chante beaucoup. Des psaumes et des cantiques. Nous entendons lire des prières liturgiques sans trop y comprendre, mais la liturgie heureusement pour nous est courte. Zwingli serait-il venu jusqu’ici ? Je prêche en français sur l’évangile de la pêche miraculeuse. Héléna traduit mes paroles. On termine le culte en chantant  « A toi la Gloire » dans sa langue maternelle. Pas question de partir le ventre vide, dans la salle paroissiale nous attendent les incontournables « tartines » et gâteaux. Malgré la barrière de la langue, on a l’impression d’être de la même famille. Ne serait-ce pas cela un peu l’Eglise universelle ?

Repas chez le pasteur. Nous déjeunons autour d’un superbe Goulash préparé par Héléna et ses filles à la manière tchèque. Puis c’est le moment du départ. Un peu triste, notre trio se rend à la gare. Comment ne pas remercier Héléna , son mari, leurs enfants et les paroissiens de Pfedhradi pour cet accueil si chaleureux.

Christian Barbéry
Matthieu Cron

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire